Notre cycliste, qui se découvre une passion pour les raids sur plusieurs jours, nous raconte comment s’est déroulé sa traversée du Jura, de la préparation au sommet du Grand Colombier, en passant par la case confinement.

“Etant donné les conditions sanitaires, il a été impossible pendant le confinement de faire du foncier. Le travail a donc essentiellement été axé sur la technique de pédalage (pour améliorer le rendement énergétique, non négligeable sur des longues distances), l’explosivité et le gainage qui sont mes points faibles.
A partir du 11 mai, la réelle préparation a pu commencer. Les premières séances de seuil et sorties longues ont été difficiles, j’avais de mauvaises sensations et une récupération difficile. Mais en s’accrochant et en continuant de suivre le plan, et en ayant de bonnes conditions de récupération, la forme et les sensations sont revenues. Au fur et à mesure des semaines, les sorties longues sont passées de 4h à 4h30, 5h, 6h, puis 7h pour la dernière. L’avantage est qu’habitant dans les Pyrénées Orientales, j’ai pu m’entraîner sur des différents terrains, que ce soit de la montagne, du plat ou du vallonné, la plupart du temps au soleil

La forme est alors montée doucement mais surement, pour qu’au final la dernière sortie de 7h de fin de bloc, soit plus facile que le premier 4h post-confinement. La préparation d’Alban m’a permis tout d’abord de me préparer physiquement à cette traversée mais également de me connaître davantage, apprendre à gérer mon effort lors des sorties longues (alimentation et hydratation avant et pendant les séances), ainsi qu’à gérer toute la partie récupération (sommeil, étirements, massages, alimentation et hydratation post-effort).

Nous avons pu mettre à profit la période confinement / déconfinement pour bien analyser le parcours avec Alban : les parties plus faciles et/ou plus difficiles, l’influence que peut avoir le vent sur certains secteurs, où positionner les étapes, le type de bosse (durée d’ascension, pente…) pour avoir la préparation la plus proche possible de ce que je rencontrerai lors de la traversée. Sans oublier la dimension touristique, le Jura est un massif aux paysages variés et sauvages (forêts, plaines, cols, lacs, points de vue…) vraiment plaisants.

L’objectif était de traverser le Jura en 3 jours, de Montbéliard jusqu’au Col du Grand Colombier (depuis Culoz). Finalement le parcours a été allongé jusqu’à Aix les Bains sur un coup de tête de dernière minute. La première journée ne présentait pas de grosses difficultés (outre le fait qu’il ait plu pendant 2h30 sur la fin) ; environ 150km et 2400m de dénivelé, pour arriver à Métabief après 7h14 de selle. Je me sens encore en forme à la fin de l’étape, de bon augure pour la suite.

Pour la deuxième étape, on a été épargné par la pluie. Un temps assez frais mais parfait pour pédaler ! Plusieurs cols assez courts étaient au rendez-vous. Le col du Mont d’Orzeires, Col du Marchairuz, le Col de la Givrine et encore la côte de Lavans – Saint-Claude. Encore une fois, les sensations étaient bonnes, avec une allure très régulière et une arrivée à Onon (Lac de Vouglans) assez en forme après 154km, 2470m D+ en 7h10.

Le dernier jour s’annonçait comme le plus difficile, avec le Col de la Cuvéry (via le Col de Bérentin) et le Col du Grand Colombier. Les deux premières heures sur le vélo ont été un peu chaotiques. Mais dès le premier col, le moteur a commencé à se mettre en route (les Diesel mettent toujours du temps à chauffer !). Ensuite, les jolis paysages du col de Cuvéry ont fait passer le temps bien plus vite, et en plus de ça sous le soleil ! Arrivée à Culoz, au pied du Grand Colombier avec déjà 110km dans les jambes, j’ai commencé à me demander ce que je faisais là… Blague à part, au final la montée s’est plutôt bien passée, malgré la chaleur (après 2 jours de vélo sous 20 degrés). Les jambes commençaient à ne plus être très fraîches dans les 8 derniers kilomètres, mais le joli panorama avec vue sur le Mont-Blanc m’a bien distrait pour en terminer. Arrivée en haut, il ne restait plus qu’à rejoindre Aix-les-Bains, à environ 40km de là, en longeant le lac du Bourget. Au final, la dernière étape a été bouclée avec 177km et 2960m D+ et « seulement » 8h40 de vélo.

Au total des trois jours, j’aurais donc parcouru 481km et leurs 7830m de dénivelé positif, en 23h04 de vélo.
A propos de la préparation depuis le déconfinement, cela représente 4730km, pour 204h d’entrainement et un dénivelé positif cumulé de 55 000m.
Cette traversée m’a donnée envie de plus, et m’a confortée dans l’idée que c’est vraiment la longue distance qui me correspond et qui m’attire le plus. Pour les prochains objectifs, pourquoi ne pas se lancer sur des défis plus longs et d’une traite ?”
Le 13 août, 8 jours après cette jolie traversée, Mathilde a roulé du lever au coucher du soleil, soit 11h13 et 268km.